Níkos Kavvadías

Aujourd’hui, fête de la Saint Nicolas, J’ai choisi vous présenter un grand poète Grec, Nikos Kavadias, marin et homme d’aventures.

Níkos Kavvadías est né le 11 janvier 1910 à Nikolski Oussouriski, une bourgade de la région de Harbin en Mandchourie, de parents grecs originaires de Céphalonie.
En 1914, avec le déclenchement de la 1ère Guerre Mondiale, la famille rentre en Grèce au Pirée. Le petit Nikos va à l’école primaire où l’un de ses camarades de classe est Yannis Tsarouchis qui deviendra l’un des grands peintres grecs du XXe siècle. À l’âge de 18 ans, il commence à publier des poèmes dans le magazine de la Grande Encyclopédie Grecque sous le pseudonyme de Petros Valhalas.
Il passe ensuite les examens d’entrée à la faculté de médecine, mais à cette époque son père meurt et il est contraint de travailler pour vivre dans une compagnie de navigation. Il continue toutefois à collaborer à diverses revues littéraires. En novembre 1928, Kavvadias s’embarque pour la première fois, comme mousse, à bord du cargo Aghios Nikolas (Saint Nicolas).
En 1934, la famille déménage du Pirée pour s’installer à Athènes. La maison devient un lieu de réunion pour les écrivains, les peintres et les poètes. A cette époque, Níkos Kavvadías est décrit comme un homme simple et taciturne, doué de beaucoup d’humour et apprécié de tous.
En 1939, il obtient le diplôme de radio–télégraphiste. Au début de la 2ème guerre mondiale il est envoyé en Albanie où il est employé comme radio, puis revient à Athènes. Lorsque la guerre civile éclate en Grèce, il prend à nouveau la mer. De 1944 à 1974, il navigue pratiquement sans cesse. Il publie son roman « Vardia » (Le Quart) en 1954 (traduit en français en 1959) et meurt à Athènes en 1975.

Wikipedia

 

Je resterai toujours, l’amant idéal et indigne
Des voyages lointains, des mers d’azur
Et une nuit, comme toutes les autres, je mourrai
Sans jamais déchirer la ligne brumeuse des horizons.

Pour Madras, Singapour, Alger et Sfax
Les bateaux partent toujours fiers
Et moi sur un bureau, vouté, devant des cartes marines
Je ferai des additions dans de gros livres de comptabilité.

J’arrêterai de parler de voyages lointains
Et mes amis vont penser que j’ai oublié
Ma mère tout contente dira à qui le demandera
« C’était une folie de jeunesse maintenant c’est passé »

Mais moi-même, une nuit, je me lèverai face à moi
Et comme un juge très sévère je m’en demanderai raison
Et cette main indigne qui tremble va s’armer
Va viser et sans peur va frapper le fautif

Moi qui tant espérait un jour des funérailles
Dans une mer profonde aux Indes lointaines
J’aurai une mort commune et très triste
Et un enterrement comme tout le monde

 

I will take communion with sea water
gathered from your body drop by drop
into an ancient cup of copper from Algiers
from which the pirates received the blessing before giving battle

A sail* of leather, well-waxed,
the scent of cedar, incense, varnish
the way the hold smells in a old boat
built – in other times – on the Eufrates* or in Phoenicia*.

Corrosion, flame-coloured, in the mines of Sinaï.
Stratoni, and the wine-cellars of Gerakini.
The white-wash. The holy rust we are born from
feeds us, feeds on us, and kills us.

Where do come from? From Babylon*.
Where do go to? Into the cyclone’s eye.
Whom do you love? Some gypsy girl.
What do they call her? Fata Morgana.

Sous ma ceinture je garde toujours, serré,
Un vieux couteau africain, d’acier
De ceux que les Arabes aiment avoir et jouer-
Que j’avais acheté d’un vieux marchand à Alger.

Je me souviens toujours du vieil antiquaire
Qui ressemblait à une vieille « huile » de Goya,
Debout, près de longs sabres et d’uniformes en haillons
Me disant, d’une voix rauque, ce qui suit:

« Ce vieux couteau-ci, que tu veux acheter
La légende l’a revêtu d’histoires étranges
Et tous savent que tout homme qui l’a possédé
A fini par tuer quelqu’un à lui. »

« Don Basilio en a tué Dona Julia
Sa belle épouse parce qu’elle le trompait …
Le Comte Antonio, un soir, son pauvre frère
Avec ce même couteau, assassinait en catimini.

Un Nègre en tua sa petite maîtresse, de jalousie
Et un matelot Italien tua un Grec bosco
D’une main à l’autre, il est arrivé chez moi
J’ai pas mal vu dans ma vie, mais cela me fait peur

Penche-toi et regarde, il y a une ancre et un blason
C’est bien léger, il ne fait qu’un « quart »
Mais, moi, je te conseillerais d’acheter autre chose…
Combien ça coûte? – Seulement 7 francs. Puisque t’en veux, prends-le. »

Un petit poignard, je garde toujours sur moi
Parce qu’un caprice m’a fait acquérir
Et puisque je ne hais personne au monde pour tuer
Je crains que quelque fois, je ne le tourne contre moi même.

A propos vasiliki54

Teacher of greek Language
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9 commentaires pour Níkos Kavvadías

  1. Marie-France dit :

    Comment s’appelle cette fille gitane: « Fata Morgana ». La Morgane celte. Nous y revoilà! La fée Morgane de la légende arthurienne 🙂 Celle qui a le pouvoir de créer des mirages, d’envoûter les humains, celle qui règne sur les mers du nord de l’Europe à la Méditerranée. Celle qui peut apporter la mort , celle qui ensorcelle Merlin et devient son maître en magie après avoir été son élève:-)
    Gitane avant l’heure , fascinante, attirante mais inquiétante 🙂 Celle qui a également le pouvoir de guérir les maladies par ses onguents magiques.
    Fée à double entrée: l’une bénéfique et l’autre maléfique.
    Fata: Fatum: Destin… Fate … Tout marin a rencontré sa Fata Morgane un jour ou l’autre: ne me dites pas qu’elle est uniquement une illusion d’optique 🙂

    Tout ceci pour deux petits mots 🙂 🙂 🙂

  2. Vicky dit :

    Merci mon amie pour ton commentaire si enthousiaste autour du poète trés aimé des Grecs. C’était un marin passionné et en même temps un poète qui exprime les sentiments des tous les hommes qui ont donné leurs vies à la Mer. Quant à moi, je ne connaisais pas le phénomène de Fata Morgana qui est une illusion d’optique météorologique. Je croyais qu’elle était le destin humain en général. Encore une fois, un blog « entre nous »nous rend plus riches.

    • Marie-France dit :

      Pour plus d’infos sur Fata Morgana:

      http://tpemiragesg3.free.fr/fata.htm

      Níkos Kavvadías , marin émérite, a certainement vu, de ses yeux vus, ce phénomène si troublant.

      • Lia dit :

        Merci pour tous ces informations Marie-France. C’est la première fois que je vois des photos de ce phénomène. Il est très impressionnant. Maintenant on connaît son explication, mais pour les marins d’autrefois il était vraiment troublant…

        • Marie-France dit :

          Etonnant ce phénomène, n’est-ce pas? Les navigateurs du temps jadis ont certainement eu peur et se sont crus ensorcellés 🙂

  3. Lia dit :

    Très belle présentation, Vicky. Et la poésie de Kavvadias a eu la chance d’être mise en musique par un bon compositeur, Thanos Mikroutsikos. Sa mise en musique a fait ces poèmes encore plus connus en Grèce.

  4. marika dit :

    J’ai commencé à écrire de la poésie
    grâce au poète Nikos Kavvadias!
    Merci beaucoup, Vicky!

    • Lia dit :

      J’aimerais lire tes vers, Marika. Est-ce que tu as publié tes poèmes?
      C’est magnifique d’avoir une poétesse sur notre blog!

  5. vasiliki54 dit :

    Moi aussi, j’aimerais lire tes vers Marika! D’où vient ton inspiration?

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